Gel et sécheresse inquiètent les agriculteurs

Directement impactés par la vague de froid extrême qui a sévi durant des jours interminables sur le territoire haut-garonnais, les agriculteurs constatent à l’échelle locale du Lauragais des dégâts sur leurs cultures. Jean-Jacques Ramade exploitant agricole et président de l’association cantonale de vulgarisation agricole (ACVA) du canton villefranchois affiche un moral en berne : « Pendant près de 15 jours les températures relevées dans les champs étaient de -15 à - 17°c. Les cultures principales rentrant dans l’assolement des exploitations ont subi des pertes considérables allant de 20 à 40% selon les parcelles. J’ai 57 ans, c’est du jamais vu pour les agriculteurs de ma génération. Après la chute du cours mondial de blé dur, les conséquences du gel vont être fatales. Mais il en sera aussi de même pour le colza qui a vu son feuillage durement touché et les pois avec localement des germes qui ont littéralement grillé sur pied ». Après ce constat alarmiste la productivité à venir s’annonce passablement amputée. Malheureusement la grisaille s’installe à l’horizon des champs lauragais avec aujourd’hui la sécheresse qui succède au gel d’hier. Quand une calamité en chasse une autre… les agriculteurs craignent que le pire soit à venir face à un manque d’eau sans précédent à cette période de l’année. Le Président Ramade n’est pas rassuré : « Avec une pluviométrie proche de zéro depuis le début de l’année, la carence en eau se fait forcément sentir. Cette situation handicape lourdement le redémarrage des cultures en place et empêche l’éventualité d’une réimplantation de culture de substitution. Nous sommes dans une impasse. Si la pluie n’est pas au rendez-vous rapidement et en quantité suffisante, nos prévisions de productivité déjà faibles seront à nouveau revues à la baisse ».  Le pessimisme de la profession agricole cantonale est de rigueur avec des espoirs tournés irrémédiablement vers les prochaines prévisions météorologiques soumises aux caprices de Dame Nature. Laurent Galès

PHOTO - Dans un champ de blé dur, Jean-Jacques Ramade constate les dégâts causés par le gel et craint la sécheresse à venir – photo Laurent Galès

Agriculture : L’avis du vice-président Hébrard

Gilbert Hébrard (vice-président du Conseil Général de la Haute-Garonneen charge de l’agriculture et de l’aménagement de l’espace rural) : « A l’échelle du département le froid exceptionnel de février dernier a surpris les cultures à un stage végétatif avancé après un mois de décembre doux. Les dégâts constatés semblent d’ores et déjà hypothéquer une large part de productivité avec des rendements fortement revus à la baisse. Le démarrage tardif de l’herbe de pâturage est également un facteur d’inquiétude pour les éleveurs. Ce constat global est d’autant plus alarmant qu’effectivement la sécheresse - qui s’ajoute à cette longue période de gel - vient nuire à l’émergence de nouvelles talles sur les blés qui à terme pourraient compenser la perte du maître-brin. La situation hydrométrique aujourd’hui difficile devra être observée avec la plus grande attention et une vigilance de tous les instants s’impose».

PHOTO - Gilbert Hébrard vice-président du Conseil Général de la Haute-Garonne en charge de l’agriculture et de l’aménagement de l’espace rural